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28 mai 2020 4 28 /05 /mai /2020 10:51
IL Y A 80 ANS… A STONNE ET MONTCORNET

Le 22 juin 1940, l'armistice sous forme de convention est signé en forêt de Compiègne entre le représentant du Troisième Reich allemand et celui du gouvernement français de Philippe PETAIN afin de mettre fin aux hostilités ouvertes par la déclaration de guerre de la France envers l'Allemagne le 3 septembre 1939.

 

Mais auparavant, les mois de mai et juin ont été marqués par la bataille de France déclenchée le 10 mai 1940. Elle marque la fin de "la drôle de guerre" et l'utilisation massive des chars dans les combats.

 

LES CHARS FRANÇAIS DANS LA BATAILLE

 

Le 10 mai 1940, l’Allemagne nazie met à exécution le "plan jaune". Elle passe à l’offensive contre les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Croyant que l’ennemi rejoue le "plan Schlieffen" (lors de la Première Guerre mondiale), les troupes françaises s’éloignent du massif des Ardennes pour rejoindre la plaine belge, c’est la manœuvre Dyle-Bréda.

 

Or, cette attaque n’est qu’un leurre : c’est dans les Ardennes justement que la Wehrmacht va concentrer ses efforts. La France se croit alors à l’abri derrière la ligne MAGINOT et pense le massif infranchissable. Mais rien n’y fait. Les troupes allemandes évitent les principales fortifications de la ligne, franchissent la Meuse le 13 mai et parviennent aux portes de Sedan, où elles installent une tête de pont.

Les blindés ennemis ne sont alors plus qu’à deux jours de Paris, mais tout n’est pas encore joué. Comment colmater la brèche ? Comment les arrêter ?

 

Les Français contre-attaquent

Le 15 mai 1940, d’intenses combats débutent dans le village de Stonne (Ardennes) entre les chars français et les blindés allemands. Ils dureront jusqu’au 25 mai (voir la carte de la préparation de l'attaque du 16 mai, ci-dessous, source ICI).

Stonne devient un enjeu capital pour les deux armées. Côté allemand, il s’agit d’agrandir la tête de pont de Sedan et de sécuriser la progression des Panzer divisions vers l’Ouest. Côté français, la position du village est idéale pour organiser une contre-offensive. Par ailleurs, l’ensemble du massif (une chaîne de collines) représente une ligne de défense naturelle.

 

Les troupes ennemies tentent de forcer la ligne française. Les combats sont intensifs et le village de Stonne, pris et repris 17 fois en quatre jours, est entièrement détruit. Cette bataille donne lieu à quelques opérations spectaculaires. Le 16 mai par exemple, le capitaine BILLOTTE, commandant le 41e bataillon de chars de combat, lancé à l’assaut de Stonne, surprend une colonne de blindés adverses. Il détruit à lui seul 13 blindés ennemis. Son char B1 essuie les tirs adverses et reçoit 140 impacts, mais le blindage résiste !

 

Le 23 mai, la Wehrmacht lance une offensive vers Tannay, à l'ouest de Stonne et s’empare du village le lendemain. Dans la nuit du 24 au 25 mai, les troupes françaises qui tenaient la forêt du Mont Dieu entre les deux villages, se replient. Le secteur est définitivement abandonné et le village de Stonne dorénavant aux mains des Allemands (voir le Mémorial de Stonne ci-dessous, avec le char B1 Bis)

 

Les pertes humaines et matérielles infligées à l’ennemi ont toutefois été importantes : plus de 26 000 hommes hors de combat, dont près de 3 000 tués, et 24 panzers détruits côté allemand. Les Français perdent de leur côté 7 500 hommes, dont près de 1 000 tués hommes et une trentaine de chars.

 

Parfois évoquée comme "le Verdun de 1940", la bataille de Stonne témoigne de l’âpreté des combats livrés par l’armée française en mai-juin 1940. Elle démontre aussi la qualité du matériel de l’armée française et la combativité de ses soldats. (Voir ci-dessous, la photo du char B1 Bis, source "chemins de Mémoire" ICI)

 

LES BLINDES FRANÇAIS A LA MANŒUVRE

 

Plus à l'Ouest, le colonel Charles de GAULLE (futur général de GAULLE) est convoqué le 15 mai au Grand quartier général à Montry (Seine-et-Marne). On vient tout juste de lui confier quatre jours avant, le commandement de la plus puissante des grandes unités blindées de l'armée française (364 blindés), la 4e Division cuirassée de réserve (4ème DCR) à peine créée. Il a déjà commencé à rassembler les unités dispersées entre la Normandie, la Champagne, le Loiret et les Vosges.

 

Le général DOUMENC lui confie une mission : avec cette 4ème DCR, il est chargé de ralentir l’ennemi en établissant un front défensif sur l’Aisne et l’Ailette, ce qui doit permettre à la 6ème armée du général TOUCHON de barrer la route de Paris aux chars allemands. Le colonel de GAULLE est conscient de la faiblesse des moyens dont il dispose par rapport à ceux de l’ennemi : peu de chars, peu d’équipements et peu de préparation des équipages.

 

Montcornet, un nœud routier stratégique

 

 

C’est pourquoi, le 16 mai, il fait de Montcornet (Aisne) son objectif majeur. Situé sur l’axe routier entre Reims, Laon et Saint-Quentin, ce village est un nœud routier, point de passage obligé pour la logistique allemande et représente donc à ce titre une importante position stratégique. Craignant l’aviation allemande, la Luftwaffe, l’attaque est prévue tôt. (Voir ci-dessous, la situation au soir du 17 mai)

 

Et le 17 mai, à la tête de la 4ème DCR, le colonel de GAULLE, attaque l’ennemi et monte à l’assaut des troupes allemandes à Montcornet.

Les chars français manquent toutefois de soutien aérien, de défense contre avions (DCA) et d’infanterie pour tenir les positions conquises. Ils sont finalement contraints, après quelques succès initiaux, de se replier.

 

Si, sur le plan militaire, cette contre-offensive échoue et se solde par une défaite française, la bataille de Montcornet prend l’allure d’une victoire morale. Elle témoigne de la capacité de résistance de son armée et de la bravoure de ses soldats. Elle vient aussi, a posteriori, valider les analyses trop tardivement et insuffisamment prises en compte du colonel de GAULLE, qui incitait l’armée française, dès les années 30, à s’appuyer davantage sur l’arme blindée motorisée.

Sur cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, le général de GAULLE écrira : "La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue… Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu" (Voir la photo du Mémorial de Montcornet, ci-dessous)

 

A Stonne comme à Montcornet, les troupes blindées et l’infanterie françaises ont courageusement combattu. C’est cet esprit volontaire qui anime encore aujourd’hui les militaires français.

Si ces combats n’ont pas influé sur l’issue de la campagne de France, ils rendent hommage au courage des soldats de 1940. Ce revers aura une vertu : galvaniser les troupes, en période de reflux général. 

 

A travers les villages témoins des combats de mai et juin 1940, des mémoriaux commémorent encore aujourd’hui la résistance de l'armée française à l'invasion allemande. Un circuit de mémoire rend hommage aux 5 000 soldats français tombés au champ d’honneur lors de cette première "bataille des Ardennes".

 

Sources : Ministère des Armées - Délégation à l'Information et à la Communication de la Défense (DICoD)

Crédits photos ECPAD et internet ou source particulière indiquée

 

 

Dans la nuit du 15 au 16 mai, préparation  de l’attaque du 16 mai. Crédits photographiques  ICI

Dans la nuit du 15 au 16 mai, préparation de l’attaque du 16 mai. Crédits photographiques ICI

IL Y A 80 ANS… A STONNE ET MONTCORNET
Char B1bis Crédits photographiques ICI

Char B1bis Crédits photographiques ICI

Montcornet, situation au soir du 17 mai

Montcornet, situation au soir du 17 mai

Mémorial de Montcornet

Mémorial de Montcornet

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